Ravel Edition

Concerto pour la main gauche

Concerto pour la main gauche


Le volume 4 de la Ravel Edition est consacré au Concerto pour la main gauche.  Cette nouvelle édition 2020 est à l’initiative du Chef Louis Langrée et de l’Orchestre des Champs-Élysées dans le cadre de leur projet Ravel avec les pianistes Bertrand Chamayou et David Kadouch.

Cette nouvelle édition révisée est une commande de : la Fondation Maurice Ravel, l’Orchestre des Champs-Élysées, l’Orchestre national des Pays de la Loire et l’Orchestre national du Capitole de Toulouse.



Edition révisée sous la direction de François Dru

Le comité de lecture  est composé du pianiste Bertrand Chamayou, des compositeurs  Benjamin Attahir et George Benjamin  et des chefs d’orchestre  Louis LangréeLudovic Morlot, et Pascal Rophé. 



C’est en juin 1937 que la maison Durand adressa au dépôt légal la première gravure de la partition et des parties séparées du Concerto pour la main gauche (« seule » selon le poétique pléonasme inscrit à l’encre par Ravel en exergue du manuscrit orchestral). Pourtant, c’est bien la date de 1930 qui figure, de la main de l’auteur, sur le manuscrit conservé avec soin à la Morgan Library de New York City, ainsi que sur la Réduction deux pianos, réalisée par l’auteur (Collection privée A. Taverne). Une création tumultueuse en 1932 à Vienne et sept années d’une étrange attente, du fait de l’exclusivité requise par le commanditaire, pour un travail éditorial réalisé lors des derniers mois de la vie du compositeur, atteint d’un mal neurologique incurable par lequel, selon les mots de Colette, Ravel « avait déjà pris congé de cette terre et vivait sur une autre planète » et subissait « la pire période de l’obscurcissement mental ». Un constat clinique sans retour qui présuppose que le compositeur ne participa pas, ou de manière fort éloignée, à la première gravure officielle et impression de son chef d’œuvre

Le cadre de la première, donnée le 5 janvier 1932 à Vienne par son commanditaire Paul Wittgenstein, a dépassé la triviale légende journalistique qui relatait un Ravel furieux au possible de découvrir, lors du concert, toutes les modifications de texte sciemment apportées, en plus des fausses notes, par le pianiste manchot sans aucune autorisation de l’auteur. Les commentateurs ont mentionné les deux hommes brouillés tout en omettant de préciser qu’ils se retrouvèrent, à une reprise au moins, à Paris, lors de la première française de l’œuvre, le 17 janvier 1933, à la Salle Pleyel. Ravel y dirigeait l’Orchestre Symphonique de Paris – préparé par Roger Désormière. Une date clef dans l’historiographie de l’œuvre qui, d’étrange manière, est occultée, même par de très sérieux ouvrages musicologiques, au profit de celle du concert donné en mars 1937 par Jacques Février et Charles Münch (pour la première fois, donc, sur le récent matériel Durand).

À l’essentielle question de sur quelles partitions fut donnée la première de l’œuvre, il est très peu connu que Wittgenstein et son agent viennois Georg Kugel firent graver en 1931 une partition d’orchestre et son matériel de leur propres deniers, et que cette dernière, non officielle et jamais déposée (Ravel avait signé un contrat d’exclusivité avec Durand en 1929), voyagea d’orchestre en orchestre pendant de longues années, cela avant la première gravure Durand et la fin de l’exclusivité d’exploitation de son commanditaire. Il demeure quelques exemplaires de cette partition « als Manuskript gedruckt » de 87 pages à la couverture rouge au format in-8°: à la British Library et surtout, objet essentiel, celle, annotée, de Roger Désormière, gardée à Paris, au Musée de la Musique (Philharmonie de Paris).

L’étude de cette gravure initiale, selon le manuscrit de l’auteur, pieusement conservée par Désormière, et imprimée d’après une gravure manuscrite réalisée par un copiste germanique (on perçoit quelques caractères gothiques et un curieux mélange d’abréviations françaises et allemandes) révèle de très précieuses indications de corrections de fautes de notes et autres modifications agogiques ou de phrasés. Une épreuve de 1930, selon la datation d’Arbie Orenstein, corrigée par le compositeur aux-côtés de son fidèle Lucien Garban, apporte aussi un précieux éclairage sur le texte original.

Fait très émouvant et unique concernant le legs du corpus ravelien : en plus des nombreux articles de presse relatant la prestation, il reste de la première parisienne du 17 janvier 1933 une minute et cinquante secondes d’images « sonorisées », pour les « Actualités Pathé », d’une répétition filmée à la Salle Pleyel, selon la mention du carton intertitre, du Concerto pour la main gauche seule. L’opportunité de constater les étranges modifications du texte pianistique par le créateur (toujours confirmées par l’enregistrement radio du concert à Amsterdam de 1936 sous la direction de Bruno Walter), la taille et la disposition de l’orchestre qui, lors de cette répétition, était dirigé par Désormière. Ravel n’intervint, au pupitre, que pour le concert « avec le flegme dont il est coutumier quand lui échoit le bâton de commandement », selon le commentaire d’Alfred Bruneau.  Texte rédigé par François-Dru - Juillet 2020 - Toute reproduction même partielle est sujette à une autorisation de l’éditeur. 


Seuls le Matériel d’orchestre et la Partition d’orchestre sont actuellement disponibles à la vente. Contact : sales@21-music.be



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